Face au covid-19,
il y a deux catégories de pays
(24/12/2020)
Vous pouvez traduire ce texte dans la langue de votre choix :
Les premiers : ceux qui arrivent à stopper l'épidémie...
Ce sont la Chine, la Corée du Sud, beaucoup de pays asiatiques, peut-être l'Allemagne qui oscille un peu entre les deux
catégories...
Leur secret, c'est le dépistage, ou plutôt le pistage, systématique. Il s'agit de traquer tous ceux qui ont la maladie, et tous
leurs contacts, pour les tester et les isoler, de force s'il le faut, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus contagieux. C'est d'ailleurs ce qui se
fait avec toutes les maladies graves et contagieuses, mais ici avec un virus très contagieux et un grand nombre de malades asymptomatiques cela demande des
efforts particuliers : traçage par GPS, par retraits d'argent, reconnaissance faciale, formation de véritables détectives pour
la recherche des « cas contacts », amendes de plusieurs milliers d'euros à ceux qui ne respecteraient pas scrupuleusement
les règles, tous les moyens sont bons pour parvenir à stopper l'épidémie.
Et indubitablement ça marche, les pays qui ont le mieux appliqué ces règles, en particulier la Corée du Sud qui passe pour
un modèle, ont vraiment maîtrisé l'épidémie.
Et ça marche aussi très bien contre les crimes, les vols, le travail au noir... Ces pays privilégient le bien de la
société aux libertés individuelles, c'est une façon tout à fait valable de fonctionner... Ça nous rappelle les
mots d'Emmanuel Macron le 15 décembre pour justifier le second confinement :
Nous sommes en train de réapprendre à
devenir une nation. On s'était progressivement habitués à être une société d'individus libres, mais nous
sommes une nation de citoyens solidaires. Nous avons besoin les uns des autres.
Il reste à savoir si ces « citoyens solidaires » sont plus heureux les « individus libres »... Et je
n'en suis pas sûr, quand on voit par exemple que le taux de suicides en Corée du Sud est presque le double de celui de la France.
Et concernant le Covid il y a un prix à payer pour cette réussite face à l'épidémie : ces pays devront rester
fermés, tester et mettre en quarantaine tous les étrangers arrivant sur leur sol, et tous leurs résidents revenant de
l'étranger, rester attentifs à tout début de reprise, et cela jusqu'à la disponibilité d'un vaccin conçu et
testé dans l'urgence et qui devra impérativement être inoculé à toute la population, en espérant que tout se
passera bien...
Les seconds : ceux qui n'y arrivent pas...
Et la seconde catégorie, c'est celle des pays qui n'arrivent pas à stopper l'épidémie, malgré tous leurs efforts pour
enlever les libertés les plus fondamentales à leur population, ruiner l'économie, tout faire pour effrayer les gens, culpabiliser
et stigmatiser ceux qui feraient mine de se rebeller...
Ces pays, ce sont les pays d'Europe qui ont été les premiers touchés (Italie, Espagne, France, Royaume-Uni, Belgique...), puis les
États-Unis, le Brésil, et d'autres.
Et ce qui est remarquable chez eux, c'est que malgré la disparité des mesures prises l'épidémie suit une évolution
très proche : un démarrage en flèche, et une stabilisation lorsque le nombre de morts atteint 0,025% de la population, puis il
y a une nouvelle hausse jusqu'à un taux de 0,1% de morts, où on arrive à une nouvelle stabilisation...
Actuellement, tous ces pays sont très proches en terme de mortalité face au Covid... Voici les chiffres au 24 décembre pour un
certain nombre de pays intéressants pour la comparaison (les principaux pays d'Europe et d'Amérique), en nombre de morts pour 100 000
habitants :
Pays |
Décès/100 000 habitants |
Belgique |
165 |
Pérou |
120 |
Italie |
113 |
Royaule-Uni |
107 |
Espagne |
102 |
États-Unis |
100 |
Mexique |
97 |
Argentine |
96 |
France |
93 |
Brésil |
91 |
Chili |
91 |
Colombie |
86 |
Équateur |
86 |
Suisse |
85 |
Suède |
83 |
Bolivie |
81 |
Allemagne |
36 |
À noter que la Belgique arrive en tête, mais que pendant la première vague le nombre de morts concernait aux deux tiers des
résidents en maisons de retraite, alors que dans les autres pays c'était plutôt le tiers ou le quart. Si on ne comptait que les
morts hors de ces établissements, la Belgique aurait un taux de mortalité très proche de la France par exemple. Et je ne suis pas
sûr que l'on puisse leur reprocher ce manque de réussite, sachant qu'ailleurs les principales mesures pour « protéger »
les résidents des maisons de retraite consistaient à les enfermer dans leur chambre et à les priver de tout contact physique avec
leur famille... La plupart de ces personnes qui ont été ainsi privées de leurs derniers plaisirs auraient sans doute
préféré risquer la mort par le virus !
Notons aussi que contrairement à ce que veulent faire croire tous les « bien-pensants », les États-Unis et le Brésil,
dont les présidents Trump et Bolsonaro ont été beaucoup critiqués pour avoir tenté de s'opposer au confinement et
autres mesures de « lutte », conscients qu'elles auraient des conséquences désastreuses, ne sont pas aux premières
places de la mortalité, et ont eu des résultats tout à fait comparables à la France... Ils sont en tête pour le nombre
de morts parce qu'ils ont une population plus grande, c'est tout !
Bref, quoi qu'ils aient fait, quelle que soit l'ampleur des mesures de lutte, tous ces pays se retrouvent avec un résultat comparable : la
Suède qui n'a pas confiné, n'a pas imposé le masque, la France qui a appliqué les mesures les plus liberticides et
cherché par tous les moyens à effrayer sa population, tous sont maintenant à 0,1% de mortalité.
Et ce qui va se passer maintenant est assez prévisible : vu qu'il est clair pour toute personne un peu sensée que le virus est
favorisé par le froid et le confinement des gens dans leurs maisons, et que l'hiver arrive, on ne pourra toujours pas l'arrêter,
l'épidémie va reprendre partout dans l'hémisphère nord, et le vaccin tant espéré ou redouté, en tout
cas très chèrement payé, arrivera en grande partie après la bataille !
L'immunité collective, seule stratégie intelligente
Pour un pays qui n'arrive pas à contrôler l'épidémie, il est évident que la meilleure stratégie est celle de
l'immunité collective.
Rappelons de quoi il s'agit. Le facteur clé d'une épidémie, c'est son taux de reproduction : il s'agit du nombre moyen de
personnes à qui une personne contaminée transmet la maladie. Pour le covid, le taux de reproduction d'origine, le fameux R0, est à
peu près égal à trois dans un pays tel que la France... Cela signifie qu'en théorie le nombre de personnes atteintes sera
multiplié par trois à chaque étape de reproduction, d'une durée d'à peu près une semaine dans le cas du covid.
C'est à peu près ce que l'on observait au début de l'épidémie. Et si on ne fait rien pour limiter la propagation,
cela se poursuit jusqu'à ce qu'il y ait un grand nombre de personnes ayant contracté le virus et donc en principe immunisées.
L'épidémie se stabilise quand chaque contaminé ne transmet la maladie qu'à une seule personne en moyenne, et puisque
c'était à trois personnes au début il faut pour cela que deux tiers de la population soit immunisée... D'où le fameux
chiffre de 66% de la population ayant contracté le virus nécessaire pour atteindre le taux d'immunité collective.
Cela, c'est l'épidémiologie simpliste, dans la réalité c'est bien plus compliqué.
D'abord, il y a les mesures de lutte qui visent à diminuer le taux de reproduction, en réduisant les contacts (distanciation sociale,
détection et isolement des contaminés) ou la probabilité de transmission du virus lors des contacts (masques, gestes
barrières). Si on arrive à faire baisser durablement le taux de reproduction à moins de 1, l'épidémie se
résorbe, et plus le taux est bas et plus c'est rapide... Mais ici on parle du cas où on n'y arrive pas. On fait tout de même baisser
le taux de reproduction en imposant toutes ces mesures, si bien que le seuil d'immunité collective baisse aussi : si on fait baisser par exemple
le taux de reproduction à deux, ce seuil n'est plus que de 50%, mais il remontera à 66% lorsqu'on abandonnera les mesures de distanciation
pour reprendre une vie à peu près normale.
Mais il y a d'autres facteurs qui peuvent minimiser le seuil d'immunité collective. D'abord, il peut y avoir une immunité
préexistante du fait de la rencontre de virus proches de celui du covid-19 (ce qu'on appelle l'immunité croisée). Les preuves
s'accumulent qu'une partie non négligeable de la population bénéficie d'une telle immunité, en particulier chez les enfants.
Et puis, il y a le fait que le taux de transmission du virus varie beaucoup selon les personnes : certaines diffusent beaucoup le virus (les
« super-contaminateurs »), et d'autres sont très facilement contaminées... Ces dernières seront donc plus
souvent contaminées que la moyenne, si bien que leur nombre diminuera rapidement, et donc le taux de reproduction aussi.
Pour ces raisons, le seuil d'immunité collective sera sûrement très inférieur aux 66% annoncés, sans doute compris
entre 30 et 50%.
Et pour savoir à combien de morts cela correspond, il faut aussi connaître le taux de létalité de la maladie,
c'est-à-dire le nombre de morts divisé le nombre de personnes contaminées. Cela, on le connaît très mal du fait que
beaucoup de contaminés présentent peu ou pas de symptômes, et ne sont donc pas diagnostiquées. J'ai estimé en avril en
donnant son titre à ce site que ce taux était de 0,3%, certains considéreront que c'est optimiste mais depuis que l'on teste
massivement on peut affirmer qu'il ne dépasse pas 0,5%... et il a tendance à baisser à mesure que l'épidémie avance,
du fait des progrès en matière de traitement et aussi parce que les personnes âgées ou malades, celles qui risquent le plus
d'en mourir, ont aussi plus de risques que les autres de contracter le virus et seront donc de moins en moins nombreuses (d'autant que les mesures de
confinement ont tendance à les exposer encore plus,
j'en ai parlé ailleurs).
Bref le taux de létalité doit être compris entre 0,3 et 0,5%, et le taux de mortalité si on arrive au seuil d'immunité
de groupe, c'est le produit des deux : taux de létalité multiplié par seuil d'immunité. Il serait donc compris entre
0,3% de 30% et 0,5% de 50%, soit entre 0,09% et 0,25%. Soit un nombre de décès compris entre 60 000 et 160 000, et puisqu'on a
déjà dépassé le minimum et que l'épidémie semble loin d'être terminée ça serait
sûrement plus de 80 000.
Cela, c'est donc si on laisse l'épidémie se répandre sans rien faire, et contrairement à ce que certains grands menteurs
cherchent à faire croire il ne s'agit pas du tout de la « stratégie de l'immunité collective » !
La stratégie en question, c'est au contraire : puisque lorsqu'on atteint l'immunité collective il reste une bonne proportion de la
population qui n'a pas eu la maladie, essayons de faire en sorte que ce soient ceux qui risquent le plus d'en mourir ou d'avoir une forme grave
nécessitant un passage en réanimation qui se retrouvent dans cette part non atteinte, et que les personnes contaminées soient au
contraire celles pour qui la maladie est tout à fait bénigne, autant que les simples rhumes propagés par d'autres virus proches du
covid-19.
Et puisqu'on a la chance qu'avec cette maladie les personnes vulnérables sont facilement identifiables et représentent la grande
majorité des morts ou des personnes particulièrement atteintes (on peut sans doute estimer que ces personnes représentent 10% de la
population et 90% des morts ou des passages en réanimation), il ne serait pas difficile, en concentrant nos efforts sur leur protection, de faire
baisser considérablement le nombre de décès nécessaires pour atteindre l'immunité collective...
Si on arrivait à faire en sorte que cette minorité de la population se retrouve dans les quelque 50% de personnes non contaminées,
et que les 50% de personnes contaminées pour atteindre l'immunité collective soient au contraire des personnes jeunes et en bonne
santé, celles qui ont une probabilité très faible de mourir ou de développer une forme grave, alors on divise par dix le
nombre de morts ! Bien sûr, il ne faut pas espérer arriver à protéger aussi parfaitement les personnes
vulnérables, mais il aurait certainement été possible, en appliquant cette stratégie dès le début, de diviser
par deux ou trois le nombre de décès nécessaires pour atteindre l'immunité collective, qui aurait donc été
compris entre 30 000 et 80 000... Soit sans doute moins que les 60 000 déjà survenus, outre tout ce que l'on aurait
gagné par ailleurs en n'adoptant pas des mesures désastreuses
à tous les points de vue y compris en
nombre de morts et que l'épidémie serait terminée depuis longtemps.
Et les mesures à prendre ne consistent pas à « confiner les vieux » ni à ériger un « cordon
sanitaire » autour d'eux, comme les mêmes grands menteurs du gouvernement veulent aussi le faire croire. Non, il s'agit juste de
réduire la probabilité de transmission du virus des personnes contaminées aux personnes vulnérables, et elles
seulement, au lieu de chercher à le faire entre les personnes contaminées et toutes les autres personnes comme dans la stratégie
imbécile du « protégez-vous pour protéger les autres » !
Pour y arriver, il faut qu'il y ait une grande différence de probabilité de transmission à une personne vulnérable ou non
vulnérable... Pour ça, on a le choix entre imposer des mesures de distanciation à tout le monde et le faire encore plus pour les
personnes vulnérables, en les enfermant et en les coupant de tout contacts avec les contaminés potentiels, comme certains maniaques de la
« santé » ont proposé de le faire, ou bien se contenter de les sensibiliser aux risques qu'elles encourent et de
sensibiliser aussi leur entourage pour qu'il prenne des précautions particulières en leur présence (masques, gestes
barrières...) et seulement en leur présence, et laisser les personnes non vulnérables vivre normalement quand elles sont entre
elles.
C'est la stratégie qui aurait permis de diminuer grandement le taux de létalité de la maladie sans diminuer le taux de
contaminations, alors que la stratégie du gouvernement cherche au contraire à diminuer le taux de contamination mais pas le taux de
létalité (et a même tendance à l'augmenter), et nous amènera fatalement au nombre de morts maximal, plus tous ceux qui
seront causés par des mesures sanitaires désastreuses pour la population, puisque manifestement on n'arrive pas à contrôler
l'épidémie !
Et il commence heureusement (mais un peu tard) à y avoir beaucoup de spécialistes du covid qui partagent cette opinion. Lisez en
particulier la
« déclaration de Great
Barrington », rédigée par trois épidémiologistes mondialement réputés... On a voulu
dénigrer cette initiative parce qu'elle attirait des complotistes et des climatosceptiques, mais le fait est que ce sont trois
épidémiologistes de renom, et pas du tout connus pour des pensées extrémistes ou complotistes, qui l'ont
rédigée, et que bon nombre d'autres l'ont ensuite signée.
Et même des épidémiologistes très liés au gouvernement laissent parfois échapper une pensée un peu
lucide, comme Jean-François Delfraissy, le directeur du Conseil scientifique Covid-19, qui déclarait le 6 juin au
Journal du
Dimanche :
En cas de deuxième vague, il faudra probablement laisser tourner le Covid dans la population jeune et essayer de protéger, avec leur
accord, les plus fragiles, malades, précaires, ou âgés.
Mais on a dû lui taper sur les doigts pour cette pensée dissidente, puisque le 5 août il s'emportait contre le professeur
Éric Caumes qui avait dit à peu près la même chose :
Si on laisse les jeunes se contaminer entre eux avec son idée d'obtenir une immunité collective plus importante, ça a
été réalisé en Suède et ça n'a pas marché. Et y a eu une contamination très importante des
personnes âgées, plus importante qu'en France. Si on laisse le virus circuler dans cette population jeune, forcément à un
moment donné, il va nous échapper.
En réalité, ça n'est pas du tout ce qu'a fait la Suède, qui n'a pas cherché plus que les autres à
protéger spécifiquement les personnes fragiles, qui n'a simplement pas adopté de mesures très contraignantes et a tout de
même fait un peu mieux que la France en taux de mortalité. S'il y a eu plus de mortalité chez les personnes âgées,
c'est principalement dans les maisons de retraite (presque la moitié des morts), et aussi un peu à domicile simplement parce que beaucoup
de Suédois s'efforcent de garder leurs vieux à domicile, même quand ils ne sont pas autonomes, au lieu de s'en débarrasser
dans les maisons de retraite comme on a l'habitude de le faire en France.
Bref, la stratégie de l'immunité collective commence à être prise au sérieux, mais ça n'est pas gagné,
et on ne voit pas trop comment des gouvernements qui ont depuis le début appliqué tous en coeur la stratégie absurde du
« protégez-vous pour protéger les autres » pourraient maintenant virer complètement à l'opposé,
reconnaissant ainsi qu'ils se sont plantés et qu'ils ont complètement ruiné leur pays et oppressé leur population pour rien,
en augmentant même largement le nombre de morts !
Rien à espérer donc de leur côté, il faudrait que le peuple se révolte, mais il a été
complètement lobotomisé par la campagne de peur et de culpabilisation menée depuis le début.
Et si certains y étaient parvenus ?
L'immunité collective n'étant pas aussi éloignée que certains le prétendent, elle a sans doute été
atteinte dans certaines régions.
On a beaucoup parlé de l'exemple de Manaus, une ville du Brésil qui serait dans ce cas d'après
une
étude scientifique internationale publiée le 21 septembre. L'article final est paru
dans
la revue Science le 8 décembre sans trop parler d'immunité de groupe, en mettant surtout en avant le fort taux
d'infection, lequel pourrait dépasser 60%.
Sylvestre Huet, journaliste au
Monde, a mentionné cette étude le 24 septembre sous le titre
« Covid-19 :
la terrible leçon de Manaus », assez représentatif de ce qu'en a dit l'ensemble de la presse.
Pourquoi la leçon serait « terrible » ? On estime qu'il y a eu à Manaus 3500 morts attribuables au Covid
pour une population de 2,2 millions d'habitants, soit un taux de mortalité de 0,16%, égal à celui qu'a atteint la Belgique et
guère plus élevé que celui d'autres pays dont la France (0,09%) pour lesquels l'épidémie est manifestement loin
d'être terminée. La seule « terrible leçon » que je vois, c'est qu'à Manaus comme dans tous ces pays on
atteindra de gré ou de force l'immunité collective en ayant multiplié pour rien toutes les mesures désastreuses qui feront
encore un grand nombre de morts supplémentaires.
Certes, comme l'indique Sylvestre Huet, le taux de mortalité est à relativiser du fait que la population de Manaus est beaucoup plus jeune
que celle de la France, avec moins de 6% de personnes de plus de 60 ans contre 26% en France. Puisque le covid-19 tue essentiellement des personnes
âgées, cela doit considérablement abaisser le taux de létalité. On peut estimer quel serait le nombre de morts en
France, en comparant les taux de létalité selon l'âge.
Tranche
d'âge |
Létalité
par âge (%) |
Taux de population
Manaus (%) |
Létalité
Manaus (%) |
Taux de population
France (%) |
Létalité
France (%) |
00‐09 |
0,002 |
15,9 |
0,00032 |
11,42 |
0,00023 |
10‐19 |
0,01 |
16,8 |
0,00168 |
12,29 |
0,00123 |
20‐29 |
0,02 |
18,8 |
0,0038 |
11,14 |
0,00222 |
30‐39 |
0,05 |
17,4 |
0,0087 |
12,38 |
0,0062 |
40‐49 |
0,18 |
13,7 |
0,0247 |
12,81 |
0,0231 |
50‐59 |
0,38 |
8,91 |
0,0339 |
13,09 |
0,0498 |
60‐69 |
1,45 |
5,07 |
0,0735 |
11,99 |
0,1739 |
70‐79 |
3,09 |
2,25 |
0,0695 |
8,58 |
0,2651 |
>79 |
6,29 |
0,87 |
0,0547 |
6,29 |
0,3956 |
Total |
|
100 |
0,27 |
100 |
0,92 |
Le taux de létalité du covid-19 par tranche d'âge est celui estimé dans
the
Lancet, qui a tendance à être surestimé pour plusieurs raisons. En multipliant ce taux par le pourcentage de la population de
cette tranche d'âge, pour Manaus puis pour la France, on définit le pourcentage de morts de chaque tranche d'âge dans
l'hypothèse où tout le monde serait contaminé... Et en additionnant les chiffres de toute la colonne, on obtient le taux de
létalité de l'épidémie. On obtient bien 0,27% à Manaus (donc un taux de mortalité de 0,16% si 60% de
la population a été contaminée), et 0,92% pour la Fance, ce qui donnerait si 60% de la population était contaminée
comme à Manaus 360 000 morts. Ça rejoint les dires du dr Blachier, épidémiologiste très présent
dans les médias pour défendre la stratégie du gouvernement, qui a déclaré le 5 octobre sur
CNews que
d'après les données de Manaus atteindre l'immunité collective se traduirait par 300 000 morts en France.
Mais il y a plusieurs raisons pour lesquelles ça serait en fait beaucoup moins. D'abord, Manaus est une ville très dense, ce qui augmente
les contacts entre individus et donc le taux de reproduction d'un virus. Il faudrait donc nettement moins de 60% de la population infectée en
France pour atteindre l'immunité collective.
Et surtout, Manaus a été complètement dépassée par l'épidémie : lors du maximum, des reportages
montraient des patients complètement abandonnés dans les hôpitaux, des cadavres entassés dans des fosses communes... Et tout
cela s'est passé au mois d'avril-mai, avant qur l'on ait pu progresser dans le traitement des malades atteints de formes graves, progrès
qui ont réduit en France le nombre de morts en réanimation de 30% à 10% environ. Voyons les courbes de morts en Amazonas et
à Manaus en particulier :
On voit qu'il y a eu une seule vague épidémique, avec à Manaus un pic de 416 morts en une semaine. Pour comparaison, en France
lors de la première vague le pic a été de 6315 morts en une semaine, soit environ 15 fois plus mais pour une population
trente fois plus importante. Le nombre de morts en proportion de la population a donc été au maximum de l'épidémie deux fois
plus important à Manaus qu'en France, pour une ville beaucoup moins bien pourvue en capacités hospitalières et alors que la France
était elle-même au bord de la saturation. C'est d'ailleurs parce que le système hospitalier de Manaus est bien moins performant que
celui de la France que l'âge moyen de la population est beaucoup moins élevé, parce que les gens meurent plus jeunes ! Autant
dire qu'à Manaus il y a eu beaucoup plus de morts qu'il n'y en aurait eu en France dans les mêmes conditions, et que cela doit compenser en
grande partie la différence d'âge moyen.
On sait d'ailleurs depuis qu'on fait des tests en masse en France que le taux de létalité de la maladie ne dépasse certainement pas
0,5%, donc très inférieur aux 0,92% calculés par comparaison avec Manaus.
De son côté, en se demandant si le résultat de Manaus pouvait être transposé à d'autres pays, Sylvestyre Huet
indique :
Ainsi, un article du Massachussets Institute of Technology relatant l'étude sur Manaus estime que la stratégie dite d'immunité
collective provoquerait au moins 500 000 morts aux États-Unis. Un chiffre minimum de chez minimum, puisque ce pays compte
déjà 200 000 décès (officiels) attribués à la Covid-19 alors que le taux d'infection de la
population est très loin de celui observé à Manaus. Et qu'une étude « worst case » aboutit
plutôt à 1,7 million de morts aux Etats-Unis.
Notons que « l'étude worst case » (pire des cas) mentionnée date du 13 mars, c'est un peu vieux, et
1,7 millions de morts c'était donc le « maximum de chez maximum », certainement très exagéré
(l'étude estimait entre 200 000 et 1,7 millions de morts)... Depuis, on en est à 320 000 décès aux
États-Unis, avec on l'a vu un taux tout à fait similaire à ceux de la France et de la plupart des pays européens, et il
semble que l'épidémie soit encore loin de s'arrêter, on peut donc douter que l'on puisse arriver à moins de
500 000 morts avec la stratégie « conventionnelle », outre tous les morts supplémentaires dont elle sera
la cause par ses mesures terribles sur l'économie et le moral de la population.
Et pour ce qui est de la France :
Ce chiffre est donc similaire aux calculs de l'article de Arnaud Fontanet et Simon Cauchemez (de l'Institut
Pasteur à Paris) paru dans Nature review immunology
qui conclut, pour la France, à une estimation entre 100 000 et
450 000 morts dans le cas d'une stratégie d'immunité collective.
J'ai
déjà parlé de cette étude de Fontantet et Cauchemez qui a
été à l'origine des déclarations profondément mensongères de Macron et son gouvernement, en signalant que le
chiffre maximum de 450 000 morts (annoncé comme minimum par notre Président, qui donc ne sait pas lire ou ment comme un
arracheur de dents) correspondait à un taux de létalité de 1,3% que l'on sait désormais très exagéré.
Donc les chiffres en France seraient plutôt entre 100 000 et 180 000 morts alors qu'il y en a déjà plus de
60 000 et qu'ici aussi l'épidémie est loin de s'arrêter. Et cela, c'est en ne faisant rien pour limiter le nombre de morts, ce
qui n'est pas du tout « le cas d'une stratégie d'immunité collective » : c'est au contraire en n'appliquant pas
une telle stratégie qu'on arrivera à ce nombre de morts tout en ayant causé des quantités de faillites, de
dépressions et indirectement de morts.
Notons que peu après la parution de l'étude sur Manaus, les principales mesures de distanciation ont été complètement
levées dans cette ville et il y a eu une petite reprise de l'épidémie, visible sur la courbe à partir de la semaine 40
(fin septembre-début octobre). C'est bien normal puisque si on met fin à ces mesures le taux de reproduction du virus augmente et donc le
seuil d'immunité collective aussi, mais ça n'est vraiment qu'une petite reprise momentanée (on voit d'ailleurs que la courbe a
recommencé à descendre deux semaines plus tard) qui n'a rien à voir avec une nouvelle vague. Mais le maire de la ville en a
profité pour montrer son opposition au gouvernement de Jair Bolsonaro et a aussitôt reconfiné la ville. Et donc, les habitants
continuent à subir des mesures liberticides et terribles pour leur économie et leur moral, alors qu'ils sont immunisés ! C'est
bien cela la « terrible leçon de Manaus », et malheureusement tout le monde semble prêt à l'imiter !
Sylvestre Huet et la plupart des journalistes préfèrent croire que cette reprise serait due à une perte de l'immunité avec
le temps, mais ça n'est plus du tout d'actualité puisque l'absence presque totale de réinfections montre que l'immunité est
durable, même quand la présence d'anticorps n'est plus détectable chez les anciens contaminés. L'article définitif
dans
Science le signale d'ailleurs.
Et puisque nous avons parlé des États-Unis, il y a sûrement chez eux aussi une ville qui a pratiquement atteint l'immunité
collective, c'est New-York.
La courbe de mortalité dans cette ville est très semblable à celle de Manaus : la plupart des morts ont eu lieu dans une vague
rapide, puis le nombre de morts quotidien a rapidement baissé pour devenir presque nul, et il y a une petite remontée depuis le mois de
novembre, n'ayant rien de comparable à ce qui se passe dans le reste du pays :
Graphique du
New-York Times, pour l'état de New-York (pour la ville seule, la remontée est encore moins marquée).
Tout indique donc que les habitants de cette ville sont très proches d'avoir atteint l'immunité collective et qu'il n'y aurait pas de
« seconde vague » même si toutes les mesures de lutte contre la propagation du virus étaient levées. Le nombre
de morts à New-York est maintenant de 25 000 (dont environ 26% en maisons de retraite), pour une population de 8,4 millions
d'habitants, soit un taux de mortalité par le Covid de 0,3%, nettement supérieur donc à celui de Manaus qui est de 0,16%. C'est
assez conforme à ce que l'on peut attendre pour une grande ville des États-Unis.
Au niveau de l'État, la courbe de mortalité est assez similaire, avec un total de 36 000 morts pour 19,5 millions d'habitants,
soit un taux de mortalité de 0,18%. Compte tenu de la densité de population moindre que dans la ville, la population doit aussi être
proche de l'immunité collective.
Mais malheureusement, là aussi, le maire de la ville tient à montrer son opposition au gouvernement de Trump et, sous prétexte
d'une petite reprise de l'épidémie dans certains quartiers, a replongé sa ville dans un confinement destructeur qui n'a pourtant
montré aucune efficacité la première fois. New-York, qui était une des villes les plus vivantes du monde, est devenue une
ville presque morte, désertée par une bonne partie de ses habitants, en raison des mesures de lutte contre la maladie qui n'auront
en rien limité la mortalité... Encore une terrible leçon qui n'est pas du tout assimilée !
Au niveau du pays, il n'y a pas du tout de baisse de la mortalité, laquelle atteint maintenant 0,1% de la population. En persistant à ne
pas protéger particulièrement les personnes vulnérables, il faudra sûrement atteindre 0,2% avant que l'immunité
collective s'installe, soit 650 000 morts, qui est bien en accord avec les études mentionnées. Ce nombre sera vraisemblablement
limité par l'arrivée du vaccin, administré justement en priorité aux personnes vulnérables, mais il est triste de
penser qu'on aurait sûrement pu faire beaucoup mieux en appliquant la stratégie de l'immunité collective, et qu'on n'aurait pas
laissé un pays exsangue et une population démoralisée, avec beaucoup de centaines de milliers de morts à venir en raison
directement des mesures de lutte imbéciles adoptées.
Et enfin, on commence à s'interroger pour d'autres villes, notamment Paris. C'est bien ce qui a été expliqué notamment dans
le
Canard Enchaîné du 11 novembre :
Au vu des données sanitaires engrangées depuis le début de l'automne, le Conseil scientifique, présidé par le
professeur Jean-François Delfraissy, se demande si un début d'immunité collective n'est pas en train de freiner la progression de
la maladie dans certaines métropoles, à commencer par Paris...
En octobre, avant même le couvre-feu et le reconfinement, les experts avaient constaté que le nombre d'infections et d'hospitalisations
augmentait moins vite en Île-de-France — fortement touchée par la première vague — que presque partout ailleurs sur le
territoire. La capitale et sa banlieue affichaient alors des taux d'incidence du virus presque deux fois inférieurs à ceux (il est vrai
impressionnants) de Lyon, des deux Savoies ou de Saint-Étienne, qui avaient été pratiquement épargnées au
printemps.
Le phénomène s'est révélé plus frappant encore dans Paris intra-muros, qui, avec la Seine-Saint-Denis, a
été la zone francilienne la plus touchée en mars et en avril. Après une hausse plutôt modérée, la
prévalence ne cesse de chuter depuis fin octobre. La baisse atteignait déjà 20% le 2 novembre, et le phénomène
continue depuis la ville la plus dense d'Europe, terrain de jeu idéal pour le coronavirus.
Et le professeur Delfraissy indique :
C'est un sujet très chaud que nous avons sur la table avec nos collègues européens et qui pose la question de l'immunité
collective à Paris, mais aussi à Londres ou à Rotterdam... Faut-il attendre qu'au moins 50% d'une population soit
immunisée pour pouvoir commencer à maîtriser le virus ? Ou peut-on se contenter d'environ 25% ?
Il était temps qu'il se pose ces questions, mais il lui reste juste à comprendre que le fait qu'on doive compter sur l'immunité
collective montre justement qu'on n'a pas du tout maîtrisé le virus malgré la folie sanitaire dans laquelle Delfraissy a
plongé le pays, et qu'on n'aura même pas limité le nombre de morts comme on l'aurait fait en adoptant la seule stratégie
intelligente.
À Paris, il y a eu 2600 morts du covid à l'hôpital, soit sans doute à peu près 3700 en comptant les ehpad, pour une
population de 2,15 millions d'habitants, soit un taux de mortalité de 0,17%. On est encore loin des 0,3% de New-York, mais il est probable
que les États-Unis soient désavantagés par le taux d'obésité de la population, un des principaux facteurs de risque
pour le covid, et que l'équivalent à Paris serait un taux de mortalité de 0,25%... Et malheureusement avec la reprise
inévitable de l'épidémie en hiver, ce nombre de morts sera sans doute atteint avant même que le vaccin ait pu le limiter
sensiblement, et à Paris comme ailleurs toutes les mesures catastrophiques prises pour tenter de « maîtriser le
virus » n'auront servi à rien et auront même ajouté des milliers de morts supplémentaires.
Une stratégie que personne n'a appliquée
Je crois bien malheureusement qu'aucun pays, aucun état, ne s'est engagé dans cette stratégie de l'immunité collective,
même si certains ont atteint cette immunité bien malgré eux et que d'autres vont suivre !
On se rappelle qu'au tout début de l'épidémie Boris Johnson, premier ministre du Royaume-Uni, a voulu le faire, allant jusqu'à
accélérer les contaminations chez les jeunes en maintenant par exemple des événements sportifs comme le marathon de Londres
(c'était sa grosse erreur, étant donné la rapidité de progression de l'épidémie il était alors
nécessaire de la limiter, et pas seulement chez les personnes vulnérables). Mais il en a été dissuadé lorsqu'un
rapport de l'Imperial College est sorti, prédisant quelque 500 000 morts dans son pays si on n'adoptait pas des mesures très
dures et notamment le confinement. C'est ce que l'O.M.S. a recommandé, et tout le monde a suivi aveuglément... Le fait que
Boris Johnson ait peu après lui-même été contaminé avec une forme grave a définitivement convaincu lui et
les autres qu'il fallait abandonner l'idée de l'immunité collective.
On a beaucoup prétendu que la Suède avait adopté cette stratégie, mais c'est faux. La Suède a comme les autres pays
cherché à limiter la propagation du virus chez tout le monde, et pas seulement chez les personnes vulnérables... Elle a
encouragé pour cela la distanciation sociale et les gestes-barrières, mais par contre elle n'a pas adopté de mesures très
contraignantes comme le confinement ou l'obligation des masques, ni même la fermeture des bars ou des écoles... Et si elle ne l'a pas fait
c'est parce que c'est contraire à sa constitution, et qu'elle n'a pas la possibilité de mettre de côté la constitution le
temps d'un « état d'urgence sanitaire » totalement injustifié, comme l'ont fait d'autres pays prétendument
« démocratiques ». Et la Suède a connu une évolution de l'épidémie comparable à celle
des autres pays d'Europe, et même moindre, ce qui montre simplement que les mesures telles que le confinement et le port du masque dans la rue
sont totalement inefficaces, ce qui m'a toujours paru évident.
Il y a eu deux présidents de pays importants qui ont vraiment voulu adopter la stratégie de l'immunité collective, et qui ont
été unanimement conspués pour ça, ce sont Donald Trump aux États-Unis et Jair Bolsonaro au Brésil...
Mais ils n'avaient pas le pouvoir de l'imposer, la politique sanitaire étant de la responsabilité des différents états, aux
États-Unis comme au Brésil, et je ne crois pas qu'aucun de ces états ait vraiment adopté cette stratégie. Je
précise que je ne suis pas « trumpiste » ni « bolsonariste », ni spécialement contre,
simplement parce que je me sens totalement incapable de juger des décisions politiques, surtout à l'étranger, sauf pour
des questions que je connais bien comme justement cette crise du coronavirus. Je ne doute guère que Trump en soutenant la stratégie de
l'immunité collective pensait plus à sauvegarder l'économie de son pays qu'à limiter le nombre de morts... Quant à
Bolsonaro, lui aussi était sûrement plus motivé par des raisons économiques, mais dans un pays plutôt pauvre augmenter
la pauvreté a des effets catastrophiques pour la population ; et pour le reste, on lui reproche beaucoup d'être responsable de la
déforestation de l'Amazonie, mais d'une part vu qu'il semble incapable d'imposer une politique de gestion de la crise sanitaire du coronavirus je
ne suis pas sûr qu'il soit le seul responsable d'une politique de déforestation, et d'autre part je note que les pays donneurs de
leçons au sujet de l'Amazonie sont ceux qui profitent bien du fait que leurs forêts à eux ont été en grande partie
détruites il y a des siècles par leurs ancêtres, principalement au Moyen-Âge en Europe et lors de la colonisation aux
États-Unis... Mais bon on s'éloigne du sujet.
Le fait est donc que personne n'a fait le choix de la stratégie de l'immunité collective, et que tout le monde s'acharne à vouloir
« maîtriser l'épidémie » même quand on voit qu'on ne la maîtrise justement pas du tout et que
c'est bien l'immunité collective qui finit par avoir le dernier mot... Quand il est clair qu'on s'en approche, on freine des quatre fers, par des
mesures de plus en plus coercitives, pour ne pas l'atteindre, comme si c'était une fin en soi parce que l'atteindre reviendrait à
reconnaître qu'on n'a pas maîtrisé le virus. C'est cette volonté de tout contrôler qui mène l'homme aux pires
erreurs.
La troisième catégorie de pays
Il y a en fait une troisième catégorie de pays, essentiellement des pays d'Afrique, chez qui l'épidémie a eu peu d'impact
alors qu'ils n'avaient aucun moyen de tracer efficacement les contacts.
Plusieurs explications ont été proposées à cette immunité apparente :
— la population est jeune, et donc meurt très peu du covid ; ça pourrait expliquer un faible taux de mortalité, mais il
semble que le taux de contamination aussi est faible ;
— le taux d'infection est très sous-estimé ; c'est sûrement le cas dans certains pays qui ont été ainsi
épargnés, mais pas dans tous ;
— la population vit beaucoup à l'extérieur, où le virus circule mal ; c'est sans doute une des principales explications,
puisque même si ça n'apparaît pas évident à tout le monde on sait bien qu'en se confinant par petits groupes dans des
espaces clos on favorise les contaminations ;
— ils ont l'habitude des épidémies et adoptent naturellement les gestes pour éviter leur propagation ; il me semble
plutôt que c'est parce qu'ils ne les adoptent pas spécialement qu'ils sont beaucoup confrontés à des épidémies
variées !
— ils ne sont pas autant consommateurs de médicaments que nous, leur système immunitaire travaille mieux ; c'est évident
que l'excès d'hygiénisme et de médicaments des pays les plus industrialisés est une des causes princiales (avec bien
sûr la pollution) de l'envolée de maladies comme l'asthme ou les allergies, et il est bien possible que ça nous fragilise aussi
vis-à-vis d'un virus tel que le covid ;
— beaucoup d'habitants sont traités à l'hydroxychloroquine pour lutter contre le paludisme ; c'est vrai que l'hydroxychloroquine
a été l'antipaludique le plus utilisé au monde, et donc particulièrement en Afrique, mais il ne l'est plus beaucoup
maintenant du fait que le parasite est devenu résistant ;
— ils n'ont pas le « gène néandertalien » qui rend plus sensible au covid ; on a effectivement
trouvé un gène hérité des néandertaliens qui multiplierait par trois le risque d'avoir une forme grave de la maladie,
gène à peu près absent des populations africaines, mais cette hypothèse comme toutes celles de nature
génétique ne tient pas du fait que les populations noir américaines, descendant directement d'esclaves originaires d'Afrique, ont
été particulièrement touchées par la maladie aux États-Unis ;
— beaucoup auraient une immunité croisée liée à d'autres coronavirus responsables de simples rhumes, du fait que dans
ces pays tropicaux les rhumes n'ont pas vraiment de saisonnalité ; mais pourquoi des pays d'Amérique aux climats comparables ne
jouissent pas de la même immunité ?
Bref les hypothèses ne manquent pas, mais aucune n'est vraiment satisfaisante et il y a sûrement un ensemble de raisons. Ça
mérite réflexion, mais quoi qu'il en soit il ne semble pas que cela puisse aider beaucoup les pays de la « deuxième
catégorie » à venir à bout de l'épidémie.
Le virus mutant venu d'Angleterre qui fait trembler le monde
On parle beaucoup depuis quelques jours d'une nouvelle variante du virus, qui s'est beaucoup répandue dans le sud de l'Angleterre, et qui serait
plus contagieuse que les précédentes... Et maintenant il y en a une autre venue d'afrique du Sud.
Du point de vue de l'immunité collective, c'est probablement une très bonne nouvelle : on a beaucoup de mal à contrôler le
covid-19 du fait que beaucoup de personnes infectées ne présentent pas de symptômes, alors il est probable qu'une variante plus
contagieuse se caractérise par un nombre encore plus important de porteurs asymptomatiques, ceux qui ne développent pas de formes graves.
Et donc, ce virus plus contagieux est probablement moins mortel.
C'est d'ailleurs l'évolution normale d'un nouveau virus de devenir plus contagieux et moins virulent lorsqu'il s'adapte à son hôte :
la finalité d'un virus, du fait de la sélection naturelle, est de se multiplier le plus possible, alors que tuer son hôte lui est
plutôt défavorable ! Et c'est sûrement comme cela que les autres coronavirus humains sont devenus de simples rhumes...
Le dernier en date est sans doute OC43, responsable selon toute vraisemblance de la « grippe russe », épidémie majeure qui a
duré de 1889 à 1894, faisant plus d'un million de morts dans le monde alors que la population était le cinquième de
l'actuelle. L'évolution de cette épidémie, ainsi que les symptômes de la maladie, ont été très
similaires à ce que l'on observe avec le covid-19. Lire pour l'histoire de cette épidémie
un
très bon article du Vidal. Maintenant, OC43 est responsable d'une forme de rhume parmi d'autres, et c'est probablement la destinée
du covid-19 si on se résout à laisser faire la nature.
Donc, dans la stratégie de l'immunité collective, il est important que cette nouvelle variante se répande, puisqu'elle minimisera
encore le nombre de morts. Mais dans la stratégie gouvernementale, où on ne se préoccupe guère du nombre de morts pour se
polariser sur la limitation du nombre de contaminés, il faut tout faire pour stopper ce dangereux mutant : alors, on reconfine Londres et tout le
sud de l'Angleterre pour essayer à tout prix d'arrêter sa progression, on ferme les frontières avec l'Angleterre pour tenter de ne
pas l'importer... et on finira par atteindre l'immunité collective avec les variantes plus dangereuses, ce qui se traduira encore par une
augmentation du nombre de morts !
Bref la connerie continue, s'amplifie même à mesure que notre impuissance à contrôler l'épidémie se
révèle et qu'on refuse de l'accepter...
Robert Alessandri